Avant de commencer, je dois vous dire qu’étant parti vivre en Russie en ne connaissant rien au pays – à tel point que ça fait un peu honte quand même -, j’ai décidé des le début de mon séjour d’investir mon temps et mon argent à voyager en Russie et en ex-URSS exclusivement, à l’exception de la France, où il faut bien revenir quand même de temps en temps. Dans les prochaines chroniques, vous serez de plus en plus confrontés à des histoires mêlant russes, vodka, cas désespérés et absurde. Souvent tout cela à la fois.
Un soir, donc où je discutais au bar avec François et Eléonore, on se disait que ce serait bien, pour le 1er mai, weekend de 3 jours, de faire autre chose que de boire ou de sortir en boite ou les deux a la fois. Personne n’était vraiment convaincu, j’ai alors suggéré qu’on pourrait simplement aller le faire ailleurs, et là tout le monde était d’accord.
Le fruit de notre réflexion fut que Kiev, c’était bien. Mais n’ayant plus trop de temps devant nous, il a fallu se décider à faire les préparatifs TRES rapidement. Heureusement, notre fée à tous, Eléonore, à l aide du lonely planet de quelqu’un chez qui elle squattait sut rapidement nous déloger 2 appartements dans une banlieue pourrie très proches du centre.
Il fallut également trouver des billets de trains. RDV à la gare de Kievskaya à 18h30. Après m’être perdu dans les allées de la gare (A ce moment de l’aventure je ne parle pas russe, je sais lire 3 mots, et je suis même un peu boulet), j’arrive finalement devant les caisses, où des babouchkas passablement énervées attendent le péquin pour l’allumer. Quand on lui a dit qu’on voulait 10 billets pour Kiev, à 10 jours des fêtes de mai, ça l’a fait presque rire, la dame (presque).
S’engagent alors les négociations, et après une demi heure de tractations et sous les insultes encouragements du public, nous obtenons finalement un compartiment de 4 couchettes pour 10 personnes. Le voyage durant 10 heures et se faisant de nuit, on se demande encore un peu comment on va bien pouvoir faire. Mais on s’en fout un peu et donc ça va.
Jour J. 18h00. Je quitte précipitamment mon travail, direction la gare ! On peut critiquer le métro russe pour beaucoup de choses, mais il n’y a jamais de grèves, et les trains se relaient en heure de pointe à raison de 1 par minute en moyenne. Tout déplacement en métro se fait donc … vite, et c’est vraiment bien. 18h55. tout le monde est devant le wagon, prêt à partir. On tend notre billet a la guichetière, on rentre et on commence à chercher notre compartiment, celui ou nous nous apprêtons à passer une nuit très inconfortable.
Un compartiment est une petite pièce de 8m2 environ qui comporte 4 couchettes, disposées sur les côtés : 2 en bas, et 2 surélevées. Face à l’entrée, une fenêtre, et collée a celle-ci une petite table qui permet de prendre un thé, ou de manger un peu. Notre première peur à tous fut donc de ne pas rentrer à 10 + 10 valises.
Quelques aménagements plus tard, tout le monde est installé sur les 2 banquettes du bas, en train de décapsuler les bouteilles de bière que François et moi avons sournoisement acheté avant de monter dans le train. Enfin prêt à faire la connaissance des gens autour de moi. Je ne connais en fait que Yann, Eléonore et Helene, François et ma dulcinée, les autres personnes étant des collègues de collègues, ou je ne sais pas trop qui, ce qui me fait penser que j’ai d’ailleurs du snober ces personnes tout le voyages, car ils ne me reviennent pas du tout.
On discute, on rigole, joue aux cartes, et suite à un pari perdu, François se retrouve nu dans le couloir pour deux minutes. Un pari est un pari. Quoi qu’il en soit, c’est l’heure de dormir, et il s’en suit une certaine gêne, car on ne sait vraiment pas comment on va faire. Au final, Yann, le plus intrépide, dormira dans le renfoncement à valise au dessus de la porte, François par terre, et les autres comme ils peuvent sur les banquettes. Décidant de mettre (un peu) à l’aise, j’enlève mes chaussures. On me laisse vite entendre qu’un tel acte est indésirable, et on comprend tous que l’on s’apprête à passer une longue nuit de merde.
… Mais pas si longue que ça, car en pleine nuit, le train cesse tout d’un coup sa cadence pour s’immobiliser complètement ; c’est l’heure du contrôle de passeport à la douane. Notre porte s’ouvre. Contrairement aux autres passagers qui s’étaient préparés et attendaient leur tour assis sur leur couchette passeport en main, c’est 9 personnes endormies, couchées n’importe comment sur lesquelles les douaniers tombèrent, marchant au passage sur un des pieds de François qu’ils n’avaient pas vu.
Mais c’est en demandant ou était Yann qu’un malaise se fit ressentir, c’est-à-dire plus exactement lorsque Yann du descendre de son trou à bagages pour montrer qu’il était bien la. Ca peut faire rire des gens normaux, mais pas des douaniers. Quand ils comprirent que l’on était français, cependant ils affichèrent un air rassuré, un peu comme si ça expliquait tout.
Après une heure d’attente, la douane russe est finalement passée. Il faudra attendre encore quelques heures de passer la douane ukrainienne pour finalement se réveiller le lendemain matin fatigués mais heureux d’être arrivés dans ce gigantesque pays qu’est la petite Russie.
Quelques années plus tard, je me rappelle avec une certaine nostalgie de tous ces moments chaleureux passés entre nous, de l’atmosphère bienveillante de cette ville qui semblait nous bercer, de ses monastères…
Je déconne, en fait on s’est tapés dessus pendant tout le séjour et la seule promesse qu’on s’est faite c’est surtout de ne jamais plus se revoir. Bien sur, nous verrons après comment tout cela s’est passé.
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