C’était Pâques et je ne suis pas allé voir ma maman. Elle m’en veut, cela fait au moins deux jours qu’elle ne m’a pas téléphoné. Je regrette. Je regrette d’autant plus qu’il ne faisait pas beau et que dans ces cas là, je descends peu. Mais sinon, quelle aventure.
D’abord, au lieu de prendre la nationale, je passe par la route de la montagne. Et là, le conducteur modèle laisse la place au vilain bourrin. L’accélérateur est collé au plancher et je monte rarement au-dessus de la troisième. Les virages sont serrés et à quarante on a déjà l’impression de faire du rallye. A l’arrivée, je sais que je me suis conduit comme un gros con, mais ça ne m’empêche pas d’être fier de moi.
Et puis, après quatre heures de route pour venir, il est normal de ressentir une grosse envie d’uriner. Grand bonheur : je vais dans le verger aux cerisiers et je pisse au frais, le nez en l’air parmi l’odeur des griottes. Pendant tout mon séjour, je ferais ainsi, de jour comme de nuit, même si cela demande un effort (remettre mes chaussures par exemple ou me rhabiller ou encore sauter par la fenêtre.).
Ensuite, comme je suis arrivé à l’improviste, (une visite fait toujours moins plaisir quand elle est prévue de longue date.) il va falloir descendre acheter deux ou trois choses à l’épicerie du village. Pour y descendre j’ai le choix : la route ou le pré. Le pré est vraiment en pente pendant une centaine de mètres. Alors devinez. Oui, à fond dans le pré, cabrioles et sauts divers, gamelles et terre dans les yeux, un peu de honte aussi quand les voisins me voient faire parce que franchement, c’est pas une façon de se conduire à quasi quarante ans ( eh quarante ans toi-même, je te chie dans les bottes moi.).
Le soir, enfin, j’ai le choix entre deux activités. Si je suis seul, je monte sur le toit pour m’y allonger un moment et regarder les étoiles. Je n’y connais rien en étoiles (à part la Grande Ourse, et encore il faut que je sois tourné dans le bon sens.) mais je fais comme si. Je ne pense à rien, c’est juste un spectacle. Bon, au bout d’un moment ça lasse et je demande rarement un bis. Sauf si, par hasard, j’ai aperçu une étoile filante.
Par contre s’il y a du monde (surtout ma sœur), on n’a pas de temps à perdre avec la contemplation. D’abord, nous devons nous griser avec application et modération, juste pour avoir l’énergie de faire une sottise (pas une connerie, rien de méchant.). La sottise, c’est toujours la même : on va à pied à la rivière pour pêcher les écrevisses de nuit, les gens qui nous accompagnent changent souvent. Quand on revient, c’est la fête. La plupart du temps on ramène une paire de pinces, des vêtements boueux, des genoux écorchés et une grosse envie demanger une omelette. Omelette et douche pour tout le monde : il est deux heures du matin.
C’était une bonne journée.
Aujourd’hui, c’était pas drôle, sauf si tu viens aux écrevisses.
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