Et puis rapidement, c’est devenu vraiment fatiguant. Tous ces soldats qui n’ont pas le droit de répondre aux questions des journalistes et qui vous disent de vous casser, les gens qui gueulent dans la rue, les chiens errant, on se croirait en Russie.
Par contre, ça m a rappelé un voyage fait il y a quelques années. A l’époque. Wil venait de déménager à Dniepropetrovsk. Il m’a proposé de venir voir son usine de maïs, j’ai refusé, alors pour se rattraper il m’a demandé si un tour en Crimée me dirait. J’étais pas sur. Il a précisé que les nanas étaient bonnes. J’ai accepté.
1 mois plus tard, me voila à Dniepropetrovsk. Voyage un peu fatiguant avec la compagnie AeroSvit, que j’ai surnommée AeroFist tellement j’ai eu du mal avec eux. Bref, on est arrivé à l’aéroport, j’ai été chercher mon bagage dans ce qui ressemblait au poulailler de ma grand mère, et départ pour la «ville«.
Sur le chemin, Wilfried m’a raconté qu’il avait eu une journée difficile car la construction de l’usine prenait du retard. Je lui ai répondu que j’en avais rien à foutre, et on a mis la radio. Là, grosse promotion sur les canapés en poil de moquette.
On est arrivé à l’appart, on s’est changé, et la Wil m’a proposé de sortir. « Tu vas voir, les nanas ici sont top«. Moi, je suis un peu le Saint Thomas des boites de nuit, je ne crois que ce que je vois, et on a été faire un tour. Et là, putain ! (Les boites, pas les nanas. Ou l’inverse)
Lendemain matin, départ pour la Crimée. Wil m’a proposé un nesquick avec du lait de vache qu’un fermier venait de lui donner et j’ai été manger au Mac Donalds. Enfin, on est monté dans sa Renault Symbol et on est parti. C’est parti, c’est un peu vite dit, car on savait pas trop où aller. « Tout droit, et après on verra«
La journée est passée vite, très vite même, car je n’ai fait que pioncer. Je suis vraiment un co pilote horrible. Vers 15 heures, un coup dans les côtes m’a réveillé.
– Julien, on s’est fait arrêter par les flics
– Pourquoi ?
– Je roulais comme un con
– Ah. Tu veux de l’argent ?
– Non, c’est bon, je gère, regarde
S’en suit un discours mythique entre Wil et l’agent.
– Bonjour, vos papiers. Vous savez pourquoi je vous arrête ?
– Je roulais un peu vite, je crois
– Vous étiez à 110 au lieu de 70
– Oui, c’est vrai
– Je vais devoir immobiliser votre véhicule et vous retirer votre permis ainsi que votre passeport et votre visa. Vous irez sûrement en prison également
– Il y a-t-il moyen de payer une amende tout de suite ?
– 4 euros
– 2
– 3
– Non, je paye toujours 2
– Bon d’accord
Et on est reparti. Là, Wil m’explique, mort de rire, que c’est rien, une fois il roulait à 130 dans un village. Je l’ai félicité en lui mettant une tape sur la tête, mais il conduisait et on a failli se manger, donc j’ai arrêté. Il faisait super beau, on était au mois de juillet, et on allait à la mer. C’était parfait.
On a eu des difficultés en arrivant vers Simferopol. On n’avait pas de GPS – plus aucun panneau, – il commençait de faire nuit – pas d’éclairage. On a demandé aux gens, qui nous racontaient que des conneries, et au final on est arrivé. C’était juste incroyable, on nous indiquait 10 minutes, puis 40 puis enfin 20.
Là tu te dis que quand même, deux sur les trois ne savent même pas ou ils sont. «T’habites ou ? Je sais pas «. On s’est senti brusquement entouré de champions de monde. Et ils étaient tous réunis en un seul endroit : La Crimée.
Finalement, on est arrivé à Simféropol, puis Sébastopol. Il était déjà 9h du soir, donc on a décidé d’aller dîner sur le port avant de trouver un hôtel. Réserver, pour quoi faire ? « Pour dormir, connard », j’aurais pu m’auto-répondre quelques heures plus tard quand on a dû dormir dans la voiture car tout était plein partout.
Sur le port, des marins. Ca n’allait pas être des pompiers, aurais-je pu rajouter, mais je n’aime pas les sarcasmes donc non. Egalement beaucoup, mais alors beaucoup de drapeaux russes. Et pour être franc, une très mauvaise ambiance. En gros la plupart des gens se sentaient russes, et le faisait bien savoir. En bons touristes étrangers, ça passait, mais les locaux étaient particulièrement cons et agressifs.
Le soir, après avoir cherché des hôtels de libre, on a fini par abdiquer et on a dormi sur la plage. Franchement, c’était à chier, et je ne le referai jamais plus. A 5 heures du matin, réveillés par la chaleur du soleil, on est allé prendre un petit déjeuner, frais comme des gardons.
Là, on s’est dit qu’il fallait visiter Balaklava, ancienne base militaire pour sous-marins taillée dans la roche, et n’écoutant que les James bond sommeillant (et pour cause) en nous, on est allé faire un tour. Très franchement, ça valait le détour. Le soir, on a décidé d’aller en boite. Un russe bourré m a sauté dessus, et quand il vu que je ne comprenais rien à ses menaces de mort, il a compris que j’étais étranger et m’a souhaite la bienvenue. On n’est pas resté.
Le lendemain, départ pour Yalta. Là, c’était déjà beaucoup mieux. Le chemin qui longe la côte est superbe et il faisait beau. Pas un nuage. La ville, construite dans une crique, entourée par les montagnes, est vraiment jolie.
Première chose à faire en arrivant, un hôtel (hé oui). Pour rigoler, on a choisit l’hôtel le plus soviétique de tous, et on est rentré réserver une chambre. La réceptionniste nous a hurlé dessus, il manquait un papier. Je lui ai tendu en souriant, elle m’a regardé, j’ai arrêté de sourire.
Installés dans nos quartiers généraux, on a pu aller visiter les environs. Et culturellement parlant, le programme est chargé. On a un peu fait semblant le premier jour, puis on a rapidement opté pour la plage et la recherche d’hôtels soviétiques pourris des environs.
D’ailleurs une fois, on sortait d’un château en bord de mer lorsqu’on a vu une voiture qui arrivait comme une dingue sur la route qui serpentait devant nous. L’abrutit qui conduisait a évidement perdu le contrôle dans le virage, et s’est encastré dans la roche après avoir foncé sur un piéton. Passée l’émotion du « mon Dieu il doit être coupé en deux«, on a aidé a cette pauvre âme à se dégager, et par miracle, elle n’avait rien. Là, tous ont décrété que tout était « normalno«, du coup nous aussi, et on est parti manger, avec une légère appréhension quand au restaurant où l’on allait atterrir.
La palme du service le plus naze du monde revient d’ailleurs de droit à Yalta. S’asseoir au restaurant, 15 minutes. Recevoir un menu, 15 minutes. En demander un deuxième parce qu’on est deux, 5 minutes et un juron de la serveuse. Commander, 15 minutes. Se faire servir le plat qu’on n’a pas choisi, 1 heure ( !!!) , finir par hurler dans le restaurant parce qu’en plus, la serveuse lève les yeux au ciel en précisant que vous avez bien commandé une salade et non une pizza, ça n’a pas de prix.
Qu’ils aillent bien se faire foutre, parce que dans la région, à part promener des pédalos pour touristes et vendre des chichis, il n’y a pas grand-chose à faire. Le problème, c’est que cette façon de traiter les gens ne choque personne, c’est comme à la maison, donc tout le monde se tait et attends un plat qui n’est sûrement pas le sien.
Au bout de quelques jours, il a bien fallu repartir. La région est vraiment superbe, intéressante, et à l’occasion je repartirais bien. Bon c’est pas tout, mais c’était vraiment temps d’y aller, direction Dniepropetrovsk. Tout s’est bien déroulé, sauf vers la fin où on est passé par une ville tellement polluée qu’on ne voyait pas la route. On a fermé les fenêtres car on s’étouffait.
Wil m’a expliqué que c’était bien une ville, et que des gens y vivaient. Pas très longtemps, ceci dit. Plutôt que de déménager à 10 kilomètres, les gens vivaient là, dans leur nuage de pollution. Ca m’a fasciné. Encore un peu plus que les gens qui ne savent où ils habitent. Wil m’a expliqué qu’une collègue à lui venait d’ici. Et quoi qu’elle fasse, elle avait la peau qui pue. Un sacré cas d’étude.
Le soir, on est arrivé pas trop tard, alors après le macDo, on est retourné en boite. J’ai commencé par une vodka.Ca a été super violent. J’ai repris conscience quelques heures plus tard sur la plage le long du Dniepr. Je suis rentré, j’ai vomi, j’ai fait mon sac, et wil m’a emmené à l aéroport. J’étais triste. Puis il m’a parlé de son usine et j’ai foutu le camp, me disant qu’après tout Moscou, ce n’était pas si mal.
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