Comme chaque année une fois par an au cours de l’été, les chaînes ouvrent leur journal télévisé par une étrange information, celle que le « Jour du Dépassement » a été atteint. En 2019, il a eu lieu le 29 juillet dernier et, bien que la plupart des journaux annonçaient que c’était un nouveau record, il se trouve que cette date du 29 juillet était déjà celle de l’année précédente selon le site officiel de « l’Earth Overshoot Day ». Mais il sera pourtant bien difficile de trouver une quelconque consolation dans ce statu quo, car il est terriblement indéniable que le Jour du Dépassement ne cesse de se produire de plus en plus tôt au fil des années. Mais le Jour du Dépassement, c’est quoi exactement ?
La différence entre ce que l’on veut et ce que l’on peut avoir
Résumé simplement, le Jour du Dépassement correspond au moment où l’humanité a consommé toutes les ressources que peut produire la planète Terre en 1 an, et qu’elle vit donc désormais à crédit, puisant dans les réserves de la planète, et se rapprochant donc un peu plus à chaque fois de l’épuisement de celles-ci. Mais pour aller plus en détail dans la définition, il faut écouter les scientifiques qui sont cachés derrière ce savant calcul.
Il s’agit en fait d’un différentiel entre l’Empreinte Écologique de l’humanité et la Biocapacité de la Terre. Deux mots assez nouveaux, bien moins médiatiques que le Jour du Dépassement, mais pourtant bien plus concrets et permettant l’estimation de cette fatidique journée. L’Empreinte Écologique se résume à la consommation annuelle en ressources de tous les humains de la planète. Toute la nourriture mangée, toutes les matières premières extraites, toutes les terres cultivées, tous les arbres abattus, tous les poissons pêchés, tous les gaz à effet de serre émis et ainsi de suite, pour une somme assourdissante. La Biocapacité, elle, est simplement la capacité de régénération de la Terre, soit tout ce qu’est capable de produire la planète en un an. C’est cette différence entre ces deux valeurs qui nous donne le Jour du Dépassement, une donnée simple, symbolique et compréhensible par tout le monde, mais qui provient d’un calcul éminemment compliqué.
Une progression drastique
Mais donc, malgré une prise de conscience générale du public qui se traduit aussi bien dans les dernières élections européennes, les mouvements citoyens des jeunes que le succès global du Earth Day, cette date continue de survenir plus tôt que les années précédentes. Il y a 10 ans, c’était le 18 août. Il y a 20 ans, c’était le 29 septembre. Il y a 30 ans, c’était le 11 octobre. Il y a 40 ans, c’était le 29 octobre. Et, lors de la première année du calcul du Jour du Dépassement, en 1970, celui-ci n’était alors que le 29 décembre et tout allait bien, même si certains pressentaient déjà la catastrophe à venir.
Des bons et des mauvais élèves, et vous ?
Bien sûr, tout le monde n’est pas responsable à égale valeur de notre Empreinte Écologique. Les comparaisons entre pays sont aussi impressionnantes et, alors qu’un américain nécessiterait 5 planètes pour subvenir à tous ses besoins annuels, 1 indien se contenterait des trois-quarts d’une seule pour assurer son mode de vie. La France n’a pas à faire la fière car, avec une moyenne de 2,7 planètes nécessaires à sa survie, elle fait partie des pays les plus gourmands en ressources. Bien sûr, à l’intérieur d’un pays, cette Empreinte Écologique varie également grandement en fonction de chaque individu et des habitudes ce celui-ci. Entre déplacements, déchets, alimentation, types de logement et loisirs, les différences peuvent être énormes. Vous pouvez vous-même déterminer de combien de planètes aurait besoin l’humanité si tout le monde vivait comme vous en répondant au questionnaire de ce site.
Pour entretenir l’espoir, de plus en plus illusoire, d’une victoire contre le changement climatique et d’un recul du Jour du Dépassement, il faudrait déjà que les politiques fassent respecter les accords de Paris de réduire de 50% les émissions de gaz à effet de serre, car rien que ça ferait reculer le Jour du Dépassement au 1er octobre. Et c’est aussi à chacun de nous d’adapter nos habitudes pour diminuer notre Empreinte Écologique, car se lamenter devant le journal télévisé ne suffira pas.
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